ETAT DE L’ECONOMIE DE LA COTE D’IVOIRE AU DEBUT DE 2012
La crise politique qu’a connue la Côte d’Ivoire au lendemain du deuxième tour des élections présidentielle du 28 novembre 2010 a conduit à un conflit armé entre les forces de défense et de sécurité sous les ordres du président sortant M. Gbagbo et les forces républicaines de Côte d’Ivoire loyales à M. Ouattara, président élu et reconnu par la communauté internationale.
L’escalade de la violence et l’utilisation d’armes lourdes a fait monter le bilan dans la population civile avec plus de 900 morts selon les Nations-Unies, des milliers de blessés et un nombre impressionnant de réfugiés ivoiriens en particulier au Liberia et au Ghana voisins.
La crise post-électorale et les sanctions de la communauté internationale ont lourdement pesé sur l’économie nationale. Le pays s’est donc retrouvé à cours de liquidités, car la quasi-totalité des institutions financières ainsi que des entreprises privées se sont vues contraintes d’arrêter leurs activités du fait de l’insécurité et de la suspension du système de compensation bancaire par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Une reprise graduelle de l’économie, mise en évidence par le tableau ci-dessous, était attendue en 2012 (5.9%) sous l’hypothèse d’un retour à la normale de la situation sécuritaire dans la deuxième moitié de 2011, en liaison avec la levée des sanctions et la reprise de la coopération internationale. Les perspectives économiques et sociales de la Côte d’Ivoire à moyen terme dépendent, en effet, largement de la pacification du pays et de la bonne mise en œuvre des programmes d’urgence de reconstruction.
Tableau 1 : Indicateurs macroéconomiques
La deuxième partie de l’année 2011 a vu la mise en place des mesures d’urgence nécessaires à la normalisation de la situation sécuritaire, permettant ainsi l’engagement des partenaires au développement à appuyer les autorités ivoiriennes dans leur effort de réconciliation et de reconstruction permettant l’instauration d’un climat de confiance propice au développement du secteur privé.
Ainsi, la Côte d’Ivoire et l’Agence française de développement (AFD) ont-elles officiellement signé un accord de prêt de 350 millions d’euros. La France et ses entreprises s’investissent activement dans la relance de l’économie ivoirienne.
Les firmes hexagonales sont prêtes à accompagner le renouveau de l’économie ivoirienne, et commencent à redémarrer leurs activités, en dépit des grosses pertes enregistrées par certaines d’entre elles, par exemple ORANGE qui a vu 60% de ses infrastructures techniques touchées par les évènements de 2011. La suspension de l’émission des SMS par le camp Gbagbo avait également entraîné un manque à gagner quotidien de 200 millions de F CFA pendant trois mois pour les opérateurs télécoms.
Dans le secteur de l’énergie, le sous secteur des hydrocarbures, annonce des pertes de l’ordre 200 milliards de Francs CfA, et le Groupe Cie-Sodeci (eau et électricité) évalue ses pertes à plus de 10 Milliards de francs Cfa.
Les Banques ont connu des pertes directes de 10 Milliards, auxquels il faut ajouter près de 500 milliards de créances compromises.
En parallèle des mesures d’urgence prises par le Gouvernement de monsieur Ouattara, le patronat, a présenté une série de propositions pour relancer l’économie du pays, avec en priorité :
plus de transparence dans la gestion des affaires,
la fin de l’insécurité juridique qui a freiné la bonne marche du secteur privé,
la réfection des routes et l’extension du réseau.
En effet, la crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 a contribué à la désorganisation du secteur de l’entretien routier. La suspension des appuis financiers de la Banque Mondiale et des autres bailleurs bilatéraux notamment l’AFD, a engendré le ralentissement voire l’arrêt de l’ensemble des programmes d’entretien routier en cours avant le déclenchement de la crise. Cette situation rend quasiment impraticable le réseau routier en terre qui constitue le moyen privilégié de déplacement des populations et d’écoulement des productions agricoles. L’autre élément pénalisant, est l’axe côtier (route Abidjan-San Pedro) qui se trouve actuellement dans un état déplorable.
Parmi les initiatives annoncées par le Gouvernement de Monsieur Ouattara, la relance des investissements publics, le financement des grands projets d’infrastructures, la réduction des charges fiscales des entreprises, le développement des secteurs secondaire et tertiaire, la renégociation des contrats pétroliers jugés trop favorables aux opérateurs étrangers et le retour à un organe de gestion unique de la filière café-cacao, en partie libéralisée. Le chef de l’État s’est engagé à nettoyer la filière « café-cacao», à réinstaurer un prix minimum d’achat garanti aux paysans et à limiter l’ensemble des prélèvements fiscaux revenant à l’État à 25 % du prix international. Est également prévue la mise en place d’un prélèvement mutualisé permettant de financer la modernisation des outils de production et des infrastructures rurales.
Depuis le mois de mai 2011, les équipes multiplient les réunions avec les bailleurs de fonds, autre source de financement de son programme de gouvernance qu’il a chiffré à 10 000 milliards de F CFA (15 milliards d’euros) pour les cinq années de son mandat.
Toute la filière Energie, a redessiné la politique énergétique dans le cadre du séminaire des 9 et 10 juin 2011 à Yamoussoukro, dont l’un des objectifs est de passer à moyen terme d’une production de 50 000 à 300 000 barils par jour.
Abidjan a pour ambition de devenir un port de transbordement pétrolier et d’accueillir une grande plateforme spécialisée dans le raffinage et les produits associés.
Pour favoriser la création d’emplois, Alassane Ouattara a également donné l’instruction de reprendre rapidement les grands travaux, notamment la rénovation de l’Hôtel Ivoire, confiée à l’entreprise Pierre Fakhoury Operator (PFO), et la construction d’un troisième pont, attribuée au français Bouygues.
Que voit on, actuellement lorsque l’on se rend en Côte d’Ivoire ?
A l’arrivée, l’Aéroport Houphouët Boigny fonctionne normalement, la ville semble avoir repris ses allures de capitale Africaine moderne, si l’on s’y déplace sans risque durant la journée, il convient néanmoins d’éviter certains quartier la nuit.
Le jour, la circulation des véhicules est pénalisée par les nombreux travaux en cours pour la réhabilitation des infrastructures prioritaires, telles que les voiries, les réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications.
La ville ne semble pas devoir faire face à des coupures d’eau et d’électricité intempestives.
Les grands hôtels fonctionnent correctement et aucun manque ne se fait sentir pour les clients.
Lorsque l’on quitte Abidjan par la route en direction de la Capitale Yamoussoukro, l’autoroute Abidjan-Ndouci existant depuis les années 80, demeure en relativement bonne conditions, les opérations de débroussaillages des accotements fraichement réalisées ont permis de retrouver les doubles voies montantes et descendantes, comme le montre une photo prise le 24 janvier 2012.
Les travaux de construction du tronçon autoroutier entre N’Douci et Yamoussoukro, plusieurs fois arrêtés durant la crise ont repris et avancent à présent à un rythme normal.
En poursuivant en direction de Bouafle et Daloa, les équipes de l’AGEROUTE ( Agence en charge de l’entretien routier) poursuivent le rebouchage des nids de poules, et cet axe redevient peu à peu praticable, sans pour autant présenter des conditions de sécurité suffisantes.
Après Daloa, en direction de Séguéla et Boundiali vers le Mali, la route revêtue, qui n’est pas encore concernée par la campagne de rebouchage des nids de poules, impose une circulation fortement ralentie par la fréquence et l’ampleur des dégradations.
La ville de Séguéla a visiblement souffert du conflit, les voiries ne sont plus protégées par de l’enrobé, et les infrastructures sont généralement en mauvais état , un seul bâtiment a été réhabilité il s’agit de l’ancien hôtel SIETO, repris par la Chaine de l’Hôtel Président de Yamoussoukro, qui offre actuellement un hébergement de qualité, avec piscine, bar restaurant et night club.
Lorsque l’on quitte Séguéla, pour rejoindre Bouake, via Mankono, la piste non revêtue est très fortement dégradée, ce qui rend la circulation très difficile. Cette route rurale fait l’objet d’un programme de réhabilitation, sur un financement Européen, confié à une entreprise espagnole et une entreprise Ivoirienne qui devraient réaliser 330 km de réhabilitation d’ici à juillet 2013.
Sur le plan sécuritaire la région centre ouest, est en voie de pacification, néanmoins, il est toujours fortement déconseillé de circuler sur les routes de la région, à partir de la tombée de la nuit, car des coupeurs de routes sont régulièrement signalés, par des pillages de véhicules et quelques meurtres de chauffeurs et de passagers ont été encore récemment rapportés.
Pour autant, et en conclusion, le feu vert de la reprise est donné.
Daniel GRANDE (SOFIOM)

